Frits Thaulow expose à Caen
Gate i Kragero ( rue dans Kragero, commune norvégienne ), 1882
Une Rivière en Normandie (1894), Huntington Museum of Art
Village au bord d'un ruisseau (vers 1897), Baltimore, Walters Art Museum.
Cette première grande rétrospective de son œuvre permet d'abord d'en finir avec une vision exclusivement française de la «révolution impressionniste » et de remettre à sa juste place le petit groupe des artistes qui exposèrent alors dans l'atelier de Nadar: au cœur d'un vaste mouvement européen. Grâce aux recherches de Frank Claustrat, commissaire scientifique de l'exposition, Thaulow apparaît.
La Rivière Simoa en hiver (Modum), 1883, huile sur toile, Oslo, Nasjonalgalleriet
Les plus beaux tableaux du musée d'Oslo sont là. Pour les Français qui l'admirèrent, il incarne le génie norvégien: original, exotique, amoureux des flocons et des reflets dans les glaces. C'est lui qui donna envie à Monet d'aller passer quelques semaines aux environs de Christiania - qui ne s'appelait pas encore Oslo. Défenseur des paysans et des ouvriers, il est une sorte de Tolstoï de la peinture. Impossible de l'imaginer autrement que tenant ses pinceaux avec ses gants fourrés - car il croit au plein air et ne grelotte jamais. Dans la salle ronde où sont réunis ses plus belles compositions en blanc majeur, dont celle du musée d'Orsay et celle de Boston, on entend, en sourdine, Des pas sur la neige de Debussy, dans la magnifique interprétation d'Alain Planès. Le dépaysement est total.
La Dordogne, 1903
Volendam
Traîneau attelé à un cheval dans un paysage d’hiver, be 1885-1906, Frits Thaulow, collection particulière
Salué et apprécié par Robert de Montesquiou, il fait danser Isadora Duncan au son de son violoncelle. L'homme des fjords est reçu dans toute l'Europe. Il peint à Delft, à Dordrecht, à Venise et à Vérone. Entre Étaples et Montreuil-sur-Mer, il côtoie la colonie des peintres américains, il découvre le talent du jeune Henri Le Sidaner. Pour la préface du maire au catalogue, c'est pain bénit, il est «citoyen du monde, écologiste avant l'heure».
Camiers - Frits Thaulow
Le problème Thaulow est plus complexe. Ne serait-ce pas dans le creuset parisien qu'il aurait créé cette si forte singularité nordique ? Thaulow n'est acclamé en France que parce qu'il y a appris, après 1874, à jouer avec les codes de sa terre natale. Son portrait, en famille, par Jacques-Émile Blanche est resté au Musée d'Orsay - qui par ailleurs a très généreusement prêté. C'est peut-être pour ne pas trop insister sur cette vérité: Thaulow le Scandinave solitaire appartenait au monde élégant des artistes à la mode. Il côtoya Diaghilev comme Puvis de Chavannes, il était officier de la Légion d'honneur et chevalier de Saint-Olaf, mais ce qui comptait, pour ses amis, c'est qu'il avait toujours l'air d'avoir des glaçons dans sa barbe.
Vaskekoner i Quimperlé, 1902