Exposition au château de Tours...
Sabine Weiss, photographe de l'humain, au Château de Tours
Sabine Weiss - A gauche, Jeune mineur, Lens, 1955 - A droite, Enfant perdu dans un grand magasin, New York, 1955
© Sabine Weiss
D'une curiosité infatigable, pendant 70 ans, Sabine Weiss a arpenté Paris, New York et le monde avec ses appareils photo, plaçant toujours l'humain au centre de son travail. Les gens de la rue, les gitans, les enfants reviennent souvent dans ses travaux personnels. Le Jeu de Paume lui rend hommage avec une exposition au château de Tours (jusqu'au 30 octobre, catalogue publié chez La Martinière).
«Jeanne Moreau», Paris, 1953. «Cette photo de l'actrice, c'était une commande pour le magasine "Vogue". Je l'ai prise de nuit, pas très loin du théâtre où elle jouait.»
Née Sabine Weber en Suisse en 1924, elle prend ses première photos à onze ans, des images de ses proches et du jardin familial qu'elle tire elle-même et qu'elle colle dans un album. A 17 ans, elle décide qu'elle sera photographe et se forme pendant quatre ans dans le studio de Paul Boissonas à Genève. Elle y apprend tous les détails du métier avant de s'installer à son compte.
Arrivée à Paris en 1946 pour oublier une peine de cœur, elle est d'abord l'assistante de Willy Mayward, un photographe de mode et de portrait, avant de se lancer comme photographe indépendante. A partir de là elle va travailler abondamment pour une quantité de magazines : elle arrive au bon moment, celui où la presse illustrée est en plein développement.
Sabine Weiss, Enfants prenant de l'eau à la fontaine, rue des Terres-au-Curé, Paris, 1954
© Sabine Weiss
Sabine Weiss, Françoise Sagan chez elles, lors de la sortie de son premier roman, "Bonjour Tristesse", Paris, 1954
© Sabine Weiss
Une vie faite de "hasards heureux"
Celle qui dit que sa vie est "faite de rencontres et de hasards heureux" fait la connaissance de Robert Doisneau chez Vogue un jour où elle y a rendez-vous. Séduit par ses photos, il la soutient auprès du magazine de mode. Et juste après, elle reçoit une lettre de l'agence Rapho qui souhaite voir ses images, sur la recommandation du même Doisneau. Elle intègre la célèbre agence de Brassaï, Willy Ronis, Edouard Boubat.
Rapho travaille notamment pour des titres de la presse catholique et de la presse communiste, qui s'intéressent à la vie des gens ordinaires. Sabine Weiss se préoccupe des autres, elle est donc en phase avec ces milieux qui valorisent l'humain.
Pour cette raison, on l'a classée dans le courant de la photographie humaniste de l'après-guerre, ce qui ne lui plait pas car elle se considère comme une photographe "complète". En effet, à côté des reportages, elle fait, avec enthousiasme, beaucoup de publicité, des portraits de célébrités, de la mode.
Sabine Weiss – Vitrine
Sabine Weiss – Couple de bulgares à la trompette
Peu importe la netteté, c'est l'expression du sentiment qui compte
En marge des commandes, elle se rend sur un terrain vague près de chez elle, porte de Saint-Cloud, ou dans les rues de Paris, où elle photographie les enfants qui jouent, les gens aux fenêtres, les clochards. Elle parcourt la capitale de nuit, avec son mari, en captant les lumières et les ambiances.
"Il y a des gens qui ne vous voient pas, ils sont tellement malheureux", dit-elle dans un petit film sur le site du Jeu de Paume. Mais bien souvent elle saisit des sourires et des regards. Comme celui d'une très jolie petite gitane aux Saintes-Maries-de-la-Mer ou ceux des hommes dans un café à Athènes. Ceux-là, elle a l'impression de les faire exister, de leur faire du bien.
Dans ses travaux personnels, elle ne se soucie pas de la netteté : "Une photo floue, si elle dit vraiment le sentiment de la personne que j'ai photographiée, c'est le plus important", dit-elle.
les jolis jupons-gonflants, que bous portions dans les années 55....étal de rue à Paris !
lavandières, en Bretagne
Un regard amusé sur New York
D'ailleurs, dès les années 1950 elle est reconnue aux Etats-Unis : elle est choisie par Edward Steichen, le directeur du département de la photographie du MoMA de New York, pour figurer avec sept de ses photos dans l'exposition Post-War European Photography à côté de Robert Frank, Brassaï ou Bill Brandt. Elle a aussi trois photos dans l'exposition historique "The Family of Man".
Si le courant humaniste n'est plus en vogue à partir des années 1960, Sabine Weiss continue à travailler, en couleur désormais, pour la mode, la publicité ou diverses institutions. Elle met un peu de côté son œuvre antérieure : "Je ne montrais mes photos en noir et blanc des années 1950 à personne. Elles étaient mon domaine secret, mon bas de laine spirituel que je gardais en réserve, ma mémoire intime."
Pennsyvalnia Station, New York, 1962 (c) Sabine Weiss
De Dunkerque à l'Inde
L'homme qui court...
Sabine Weiss...et en photo ( jeune )