Manet le suggère en disposant sur le bar des indices. Comme les belles oranges ou l’alcool, Suzon serait-elle à vendre ? La tête blonde de la serveuse, sa silhouette sinueuse et sa veste noire l’assimilent en tout cas aux bouteilles de champagne disposées près d’elle. Plus encore, la dentelle de sa ROBE évoque la mousse légère du doux breuvage et le carré de son décolleté rappelle l’étiquette qui orne chacune des bouteilles. Telles ces bouteilles casquées de papier doré, Suzon est donc un bel objet que l’on s’empresserait d'effeuiller.
Pris d’un soudain malaise, le spectateur face à ce miroir cherche en vain à se positionner. Est-il cet homme au chapeau? Que veut-il obtenir de Suzon ? Il ne peut s’empêcher de tomber dans le piège que Manet a tissé. Le client et lui ne font plus qu'un et chacun est responsable du sort de Suzon.
Manet nous OFFRE cependant une échappatoire en décalant légèrement dans le miroir le reflet de la jeune femme. On verrait presque deux Suzon. L’une se pliant à la demande du client, l’autre s’échappant dans une sphère supérieure, loin des contraintes de la vie sociale. Et cet ailleurs vers lequel Suzon s’échappe et auquel Manet nous donne accès, c’est dans ses yeux que finalement on voit le mieux.
Voici ce qu'a écrit Jean cocteau : "les miroirs feraient mieux de réflechir avant de renvoyer les images."
C'est sur un site de peintures , Artips, que j'ai trouvé cette histoire d'un tableau de Manet, un peintre que j'admire beaucoup.
J'espère que vous passerez, mes amies, un bon week end avec peut-être du soleil, mais j'en doute..
Ici le ciel est bien gris...Bonne soirée à toutes.
Landrie.
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